En présence de l'artiste
PREMIÈRE PARTIE :
L’instantané « Monaco en films », issu des collections de l’Institut.
LE BARRAGE de Ali Cherri
France, Soudan, Liban, Allemagne, Serbie, Qatar, 2022, couleur, 80 min., vostf.
Réalisation : Ali Cherri. Scénario : Ali Cherri, Geoffrey Grison en collaboration avec Bertrand Bonello. Image : Bassem Fayad. Effets spéciaux : Mel Massadian. Musique originale : ROB. Montage : Isabelle Manquillet, Nelly Quettier. Production : KinoElektron, Galerie Imane Farès, Vega Foundation, DGL Travel, Twenty Twenty Vision, Trilema. Avec : Maher El Khair (Maher).
L’HISTOIRE
Soudan, près du barrage de Merowe. Maher travaille dans une briqueterie alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de boue. Alors que les Soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble prendre vie.
CRITIQUE
Dans Le Barrage, voici Maher, un ouvrier d’une briqueterie traditionnelle, au Soudan, qui façonne l’argile, aligne les blocs, les empile, dans un mouvement maîtrisé, mille fois répété. Ali Cherri saisit la même chorégraphie selon différents plans, étourdissants, la géométrie des « pavés » se prêtant à l’exercice de beauté : couleurs de glaise, soleil argenté, allumage d’un four comme un feu d’artifice, jets de fumée sortant des murs « soupapes ». Quand pourront-ils lâcher la pression ? Corps penchés, courbés, soulevant, puis, enfin, au repos, se baignant dans les eaux du Nil, se lavant de ce travail éreintant. En bas de son dos, la peau de Maher rougit et se craquelle, comme une terre asséchée. La caméra s’attache à son regard magnétique.
Clarisse Fabre, Le Monde, 25 mai 2022.